10 APRIL 1936, Page 17

De l'or sur les Invalides

[D'un correspondant parisien]

MALGRE les heures inquietantes que la France vit en ce moment, In Ville de Paris poursuit intensement la preparation de l'Exposition de 1937. Les rives de In Seine, qui seront le theatre de la grande competition internationale, presentent l'aspect d'un chant ier titanesque : la demolition des palais et des immeubles dont In disparition avait ete decidee eat inaintenant terminee ; le Pont d'Iena est elargi ; les travaux de fondation des galeries projetees sont activement pousses ; sur la berge du fleuve, les wagons, sans arret, dechargent poutres de fer, sacs de ciment, sable, eailloux, pierres meulieres et madriers. NW doute que, comme l'avaient promis les comites d'organisation, les exposants puissent en temps utile proceder aux amenagements de leurs stands. Les vocux sont unanimes pour que les prepamtifs de cette fete, it laquelle sont chaudement conviees toutes les nations, ne soient contraries par aucun evenement facheux et que Pon puisse donner a cette Exposition le nom d'Exposition de la Paix.

N'est-ce pas la, en effet, le veritable terrain oil se doivent livrer les batailles economiques, les seules qui stim Went l'esprit d'invention, le besoin de perfectionnement, l'extension de l'utilisation des produits et le developpement de la concur- rence Ces manifestations paciflques ne sont-elles point, en outre, une excellente ocole pour les industriels de chaque pays, qui y trouvent, reunies sous leurs yeux, les productions etrangeres ?

Mais, en dehors de CAN travaux qui n'interessent que l'exposition proprement dite, Paris a cm devoir s'attacher a en effect= d'autres aussi indispen.sables. Voulant honorer comme I convient les hates qu'elle attend, la capitalc francaise a resolu de se parer de son mieux par In restaumtion de emu': de sea monuments que les intemperies oat alteres ou charges d'une patine indesirable. C'est ainsi que le regard habitue a contempler l'ample perspective du Pont Alexandre III se heurte actuellement Is une charpente monumentale accrochee aux flancs du Dame des Invalides, carapace qui a ett: montee dans le but dabriter les ouvriers charges de redorer hi coupole. C'est la tine entreprise qui represente un travail infiniment &heat, si l'on considere que le dome mesure 26 m. 63 de diametre ; qu'il cat orne de grands tropliecs d'armes en haut relief et de guirlandes ; que tons les motifs- dont chacun a 12 m. 50 de long sur 4 m. de large et pine environ 4,000 kilos—seront descendus jusqu'a In premiere plate-forme pour etre remis Is neuf et que certains menu: devront etre entierement refondus. L'architecte auquel a ete confine cette oeuvre de refection estime que, pour redorer Pensemble du dOme et de sea attributs, I ne sent pas utilise moms de huit livres d'or fin, titre aux 925 milli eines.

Cette gigantesque restauration, qui n'avait pas ete tentee depuis 1866, ramene en cc moment la curiosite parisienne vers l'Hatel des Invalides, l'un de nos ancetres de pierre. Le 30 novembre 1670, Louis XIV ivaugurait ect edifice, construit d'apres les plans dresses par Liberal Bruant, l'architecte sur les dessins duquel fat bati, en 1662, le chateau de Richemont, en Angleterre. Seule, l'eglise qui renferme aujourd'hui le tombeau de Napoleon Ier flit edillee, quelques willies plus tard, par le celebre architecte Mansart, le maitre auquel noes devons tant de chefs-d'oeuvre, tcls quc la facade sur les jardins du chateau de Versailles, le grand Trianon, le chateau de Vanves, in place Vendame, si remarquable par son camet Ore de grandeur et d'elegance, In place des Victoires etc. . . . Mais le phis beau titre de gloire de Mansart demeure, sans contredit, le dame des Invalides, dont In colonnade et les caissons curvilignes, en plomb, portent unc fleche ter- minale qui pointe Is 105 metres du ml.

Lorsque, en 1840, le roi Louis-Philippe cut negocie avec l'Angleterre la remise Is In France des cendres de Napoleon et que son flls, le prince de Joinville, les cut accompagnees de Sainte-Helene a Paris, les restes de l'Empereur furent deposes, apres une marche triomphale Is tmvers la capitale, sous In voate des Invalides. us ftirent transferes, en 1842, dans l'imposant sarcophage de porphyrc que venait de terminer l'architecte Visconti. Le dame, qui etend sur lc mausolee muet son architecture massive, eonstitue une couronne grandiose Is laquelle il importait, en raison des souvenirs glorieux qu'elle evoque, de restituer de sa parure