14 NOVEMBER 1931, Page 18

A FRENCH VIEW

[a M. k Redacteur.] MONSIEUR,—Je suis sceptique stir la reussite de ces grandes solutions internationales vers lesquelles les peuples paraissent se precipiter affoles et dans lesquelles ils esperent d'autrui la fin d'une misere dont ils sont pour partie eus-m ernes responsables.

Des solutions internationales—Oui . . . mais it ne faut pas que leur recherche arrete la vie nationale.

. Etant donne la maniere dont la question se pose, beaucoup de nos economistes et hommes politiques sentent que de grandes solutions economiques et politiques ne pourront etre trouvees que stir un plan d'organization et de co-operation internationale. Emportes par l'ampleur et Ia generosite de leur penes, ils ont bati l'avenir sur theorie et neglige le present materiel et positif.

Or, comme le disait un de mes amis, esprit terre a terre, pour realiser l'avenir immediat, it est d'abord indispensable de vivre l'existence d'aujourd'hui.

11 n'est pas inutile de rappeler, meme schematiquement, les deux grandes phases psychologiques par lesquelles sont passees les conceptions economiques au tours de ces dix dernieres annees. D'abord une fievre de production, toutes les econo- mies nationales reposant sur les memes principes : exporter le plus possible et importer du tout. On commit in suite : nul ne peut etre vendeur, acheteur et producteur des memes objets, aussi Peconomie universelle s'arrete-t-elle devant les consequences de sa politique.

Ici, prend naissance le second courant : economic tendant vers l'internationalite.—Les docteurs, se penchant sur reconomie mondiale malade, disent faut organizer tout cela, etablir un systeme qui contingentera Ia production de celui-ei, fixers ]'obligation d'acheter de eelui-la, organizers internationalement le credit, reglementera Ia repartition de For, et tout ira pour la mieux."

Des qu'on a voulu aborder timidement et d'une maniere generale le probleme du contingentement, on a trouve devant soi, comme autant de barrieres—le sucre de Java, celui de Cuba—les interets des cultivateurs de betterave, le ble d'Europe Centrale, celui du Canada, celui des Etats Unis, le coton americain (pour ne parler que de celui-la, dont l'exemple est frappant : une production de 9 millions l'an passe, 16 millions cette amtee—soit 25 millions et la consommation mondiale annuelle est de 14,000,000). Alors qui va sacrifier sa richesse ? L'Amerique ? l'Egypte ? Les Colonies fran- caises ?

Des probl ernes du meme ordre se posent en ce qui concerne le credit et la repartition de l'or. La verite est que reposant sur une base fausse—hypertrophie de ]'exportation et du credit—les economies internes sont en pleine anarchie. Reglementer tout le systeme d'une maniere globale represents une t&che de geant et necessiterait une volonte unique et de fer, aussi bien qu'un temps considerable. De plus il faudrait resoudre au prealable des problemes politiques autrement graves, notamment celui d'une securite absolue et garantie. C'est pourquoi l'interet des peuples exige qu Pon sorte de ces formules ereuses et generales qui les flattent et favorisent des debauches d'imagination, mais se revelent vaines car en faisant entrevoir un bonheur universel elles conduisent cheque peuple isolement a l'abirne.

Pourquoi la S.D.N. et l'Amerique ne bornent-elles pas leers efforts it deux points essentiels ?

" I°—Organizer la securite mutuellement garantie (les peoples, debaraases du spectre de le, guerre, auraient l'esprit plus Libre pour traiter objectivement lee questions economiques). 2°—Donner un mot-d'ordre, engageant pour le present les divers pays a mettra en equilibre leur economie interne ; ensuite il sera possible d'aboutir a de vaates solutions internationales d'oh pourront sortir tin mieux-etre general puisquo on associerait des economies positives au lieu qu'actuellement il n'est question d'ajouter lee ones aux autres que des economies deficitaires et &est de Bette operation qua l'on attend tirer tin resultat positif Et puis il y a tin systeme sovietique dont il conviendrait peut etre de parler, mais ceci est une autre histoire. GEORGES SCAPINI, Depute de Paris.

Chambre des Diputis, Paris.