16 AUGUST 1935, Page 14

Vacances pour les animaux

[D'un correspondant parisicn] Vole' done revolues les licures oh, fuyant les artleurs d'un soleil trop ardent, des mill iers de citad i s, sii par dix mois de fatigue, creneri,ernent et de transports en eommuit, eevadent avec une joie puerile vers les champs, in montagne; la foret ou In mer. ,routes oeuvres cessantes it semble quo les hommes des villes apprennent soudain la valour • du repos campagnard ; ils se plongent dans un bain de -rusticite: Certains decouvrent l'effarante elegance d'un brin d'herbe6 Tels s'initient aux virtuosites de la peche auk eerevisses eeux-la, enfin,—les plus nombreux sans'doute—qui pratiL quaient cependant, tout au long-de l'annee, le rituel du 'costume .et le ceremonial de In respectabilite, se depouillent subitemeat de toute pudeur externe. La tendresse sableuse des Wages insidieuses et molles les voit avec complaisance offrir, mix regards souvent surpris de Pobservateur realiste,' des fOrines qui, scion le mot de l'humoriste, gagneraient a etre mein infamies. Bref, c'est le temps des vacances, ou Negligence est wine et oh, sous couleur. de sante, de sport et d'hygiene physique, se mettent allegrement a claquer dans he vent du large les (anions du laissez-affer.

Tel est he sort estival des hommes. Mais les animaux—qui done refit pense ?—ont parfois aussi leurs vacances. Les compagnons de notre existence ne sont point toujours desherites an partage de la liberte,—it condition, toutefois de reinarquer, qu'assez -paradoxalernent, la delivrance 'pour eux consiste, In plupart du temps, a se voir enferines.

Tonle vaeance, en effet, reside essentiellement en tine rupture des habitudes de servage imposees par les neeessites coutumieres de. la vie. Pour l'homme normal, qui tire sa subsistance d'un travail generalement mure ; pour le collegien; .qui vient de passer Pawl& it l'ombre terne du " baliut," c'est vraimcnt se sentir en conge que de pouvoir folatrer it Pair libre et scion le gre du moment. Mais imagine-t-on en soit de meme pour nos amis it quatte pattes ? Croyez-vous que le brave toutou, qui, depuis toujours 'vdus leche affec- tueusement la main et se plie it vos moindres caprices, estimera passer de radieuses vacances, parse que vous lui aurcz offert he privilege de vous lecher in main a Torquay ou de se 'tiler it yos caprices dans quelque lande venteuse du Yorkshire ? Non, sans doute. Pour que votre ehien, lui aussi, prit uri agreable cone, mieux efit valu le liberer de sa servitude, fet-elle doree, aupres de vous, en le placant, pendant les mois d'aofit et de septembre, dans .une petite pension de tout repos. L'idee est moires chimerique qu'on ne pense, si Pori en croit les echos de quelques garderies d'animaux, organisees pendant Pete dans les environs iinmediats de Paris. Ces " tnaisons de conge sont, pour la plupart, des etablissements veterinaires qui adjoignent, pendant rete, une pension it leurs services pormaux de clinique et d'infirmerie. On y accueille des betes dc toutes especes, depuis les chiens de races diverses, qui forment la majorite des hetes, jusqu'it de minuscules souris blanches an nez furetcur, qui s'ebattent avec tous les signes de la joie la plus vivo. Les prix sont, bien •entendu, etablis d'apres in taille, la voracite ou les rnoeurs des pension,. itaires. C'est ainsi quo, pour un mitt in ou un (fugue, le tarif s'eleve it deux cent einfluante francs, soit environ trois !lyres, par mois. Les chats paient moires cher, en raison, pent-etre, de leur mine pateline et: de leurs yeux •calins. Les caeatoes viennent ensuite en bon ,rang, avec une pension mensuelle de cent francs ; puis Is singes, et manic—rarissimcs les pantberes en bas age et les lionceaux.

II est indeniable .que tout cc petit monde, en &pit d'unc liberte illusoire, parait enchante de ces VEDA aces entre quatro inurs. C'est que l'heure de rindependance est, pour un temps; sonnee. Les perroquets, enfin, ne sont plus terms de repondre aux questions oiseuses, et.les loulous peuvent enfin dormir, au lieu, sans trove, de cleaner la patte et de faire le beau.

R. L. V.