25 MARCH 1938, Page 19

QUELQUES CHIFFRES

1D'un correspandant parisien;

M.u.GRE la reputation detestable do; statisticiens les ciiiiire3 conservent leur eloquence. Nous en avons rassembles quelque:i- uns dans l'espoir qu'ils aideront it comprendre les depeches des journaux quotidiens en ces temps agites.

La France, done, co:nptait au dornier reconsoment (mars 1936) 41,905,968 habitants, 42 millions en chiffres roads avec

les soldats et matins hors la metropole. Cinq ans auparavant

la population etait de 41,834,923. Celle de l'Allemagne, apres absorption de l'Autriche, est de 73 millions ; cells de l'Italic de 43.

Depuis longtemps la France souifre dune crise de natalite. 11 y nait chaque armee environ 6io,opo enfam.; ; en Allemagne 1,200,000, en Italie un million. La population de la France, qui s'etait accrue d'un million de 186o a 1870, n'a augmente que de trois millions de 1870 a 1936. Pendant ce temps l'Allemagne, malgre ses pertes de territoire, passait do 39 a 66 millions et l'Italie de 25 a 43. En 1865 la France les depassait toutes deux numeriquement.

Sans l'apPoint des strangers notre population baisserait a chaque denombrement. En 1931, par cxemplc, le departement de Lot-et-Garonne accusait 891 habitants de plus qu'en

1926, mais le chiffre des strangers avail augmente dc 6,656. Sur cent personnel it y a aujourd'hui en France prs de dix

strangers, au total environ 4,500,000. Dcpuis la guerre chaque bouleversement en Europe a contribue son appoint. On a naturalise beaucoup de ces strangers, surtout au cours des dernieres annees. 11 y a quelques jours on annoncait la creation d'une societe qui a pour titre : Amicale des Maquilleurs du Cinema francais. Les membres de son bureau s'appellent : Chakatouny, Tourjansky, Klein, Paltchensky, Arkdelian, Glebov et Safianshikov.

Pour faciliter la comprehension de la situation interieure it convient de decomposer la population. II y a—toujours

en chiffres ronds-7,500,000 ouvriers et employes, autant d'agriculteurs, pres de trois millions d'artisans et petits patrons. On estime la classe moyenne a environ huit millions. Tout cela confirme que la France est un pays de petites gens.

Le nombre des moycnnes et des grosses fortunes, celles-ci surtout, diminue d'annee en armee. En 1931 on notait 7o2 revenus annuels superieurs it un million de francs ; en 1935

il n'y en avait plus que 309. En cette derniere armee 104,699 contribuables seulement avaient un revenu imposablc superieur it 5o,00o francs ; 1,595,000 contribuables avaient un revenu imposable de to,000 it 20,000 francs. (En 1935 10,000 francs representaient £130).

Au point de vue politique, le corps electoral ne depasse pas onze millions sur une population de 42 millions, car les Fran-

caises ne votent pas encore. 11 y a pas mal d'indifferents parmi

ces onze millions ; aux elections legislatives les abstentions varient de 16 it 31 pour cent. En outre, it results du mode de

scrtrtin, ainsi que du decoupage des circonscripsions, que les suffrages non representes it la Chambre des Deputes sont toujours plus nombrcux que les suffrages representes. Depuis soixante ans les candidats elus ont toujours totalise 5,500,000 voix de moths que les candidats battus.

Ici encore it est interessant de decomposer. Aux dcrnieres elections (1936) les partis de gauche groupes dans le Front populaire obtinrent 5,440,990 voix ; l'opposition 4,886,516.

Done la majorite represente 52.6 pour cent des suffrages. Il ne faudrait pas croire que tous ces suffrages furent cxprimes par des membres effectifs des divers partis. Toutcfois it est assez difficile de decompter les partisans. Pour les coin- munistes c'est simple ; ils proclament, non sans fierte, qu'ils ont 340,000 adherents (inscrits versant la cotisation annuelle).

Les autres partis sont beaucoup plus discrcts ; pour cxtraire leurs chiffres it faut des recherches et des calculs. 11 est avers neanmoins qu'en 1933 les socialistes n'avaicnt que 131,044 inscrits ; ils perdaient du terrain alors en raison de luttes intestines mais ils l'ont regagne depuis. Les radicaux-socialistes, eux, sont en regression ; on pcut estimer lcurs adherents it 200,000. Il en va de meme pour les partis d'opposition—le nombre d'adherents n'a aucun rapport avec les suffrages obtenus aux elections. On peut conclure de tout cela qu'en France les electeurs pour la plupart n'ont pas d'opinions bien definies, mais votent selon les circonstances.

On pourrait en conclure . . . hint des choses. Les chiffres sont la. Que chacun en tire ses conclusions.