25 OCTOBER 1935, Page 16

Elections

[D'un correspondant parisieni L.. France, dimanche, a vote clans trente-deux departements pour renouveler un tiers de sa Haute-Assemblee. Les elections senator iales ne eonnaissent point, d'habitude, l'atmosphere de ft evre et de passion partisane qui est celle, • trop souvent, des candidatures au Palais Bourbon. La consultation de cette semaine n'en a pas moms rev etu une importance exceptionnelle, en raison ineme des conjonetures internationales. La eampagne acharnee menee par les elements d'extr erne gauche, la constitution, dans la Seine .en particulier, d'une liste d'union etablie par le front Populaire, lea pronostics vehements de vietoire lances contre le gouverne- ment par les communistes, be double appel, par contre, de M. Pierre Laval it l'approbation des colleges electoraux ; tout cela a donne aux evenements du 20 octobre une significa- tion supericure it celle d'un simple recensement d'interets regionaux et a surtout psis, en la personne du Premier francais, la valcur d'un veritable symbole.

On sait que les partis de gauche—socialistes et communistes —unis dans un programme negatif, n'ont cease, depuis la promulgation des decrets-lois, autorises par les Charnbres eependant, d'ameuter les masses laborieuses centre le gouverne- ment.. Its ont exploite he mecontentement provoque par les reductions de traitements, les compressions budgetaires et les amenagements fiseaux pour representer he pouvoir executif comme infeode aux ptiissances financieres et it la haute banque. Us ont cru surtout trouver, dans les redoutablea developpernents de l'affaire italo-ethiopienne, une occasion lie sager l'ceuvre conciliatrice de M. Laval. Dresses avec aeharnement centre 'le regime dictatorial de M. Mussolini, ils ont tents, au inepris de toute mesure, d'exciter une part.ie de l'opinion francaise contre la sagesse, In moderation et l'effort de patiente retenue du chef de notre diplomatic. Its escornptaient, dimanche, empecher sa reelection dans ht region de Paris, echee qui n'cilt point manqué d'avoir 1.111 immense retentissement.

M. Laval, qui savait it quoi s'en tenir sur les agissements de sea adversaires, a tenu toutefois a jouer la difliculte. Il aurait pu se contenter d'une election dans le Puy-de-Dorne, son depaelement d'origine, dont les delegues avaient brigue Comme un honneur de l'envoyer sieger au , Luxembourg. Mais it lui aurait, ce faisa.nt, semble qu'il restreignait le Champ de sea possibilites reelles. Ce qu'il voulait, c'etait obtenir, it la fois de la province et de Paris, la large ratification necessaire pour lui permettre de continuer, avec une .autorito accrue, son action Internationale. Et c'est pourquoi, Bien qu'il fait loin de se dissimuler les risques de reutreprise, il se presenta egalement dans la Seine.•On connait he suecis qu'il y remporta. Alois que la lutte fut, sur tout le territoire, extreinement chaude et que, dans nombre de cas, des personnalites trc s en vue ne l'emporterent qu'au troisierne scrutin, M. Laval sortait, des le premier tour, victorienx. Sueces d'autant plus remarquable que lc President du Conseil, absorbe par sea negociations quotidiennes, n'avait 'pu " soigner " sa campagne, en rendant, comine it est" d'usage, visite aux deIegues de Paris et des communes suburbaincs. Le Puy-de-Dome, par ailleurs, trioniphalement it tine enorme majorite.

De cc double et eclatant susses, de nombreuses raisons rendent compte. Une, d'abord, qui tient it la personnalite de M. Laval : it est simple, souriant, cordial. Enfant du peuple, it s'est fait lui-meme. Le senateur it la cravate blanche, eomme on l'appelle farnilierement, est be ills de sea ceuvres, ce qui West point sans compter dans une democratic. On lui salt gre, d'autre part, d'avoir brave l'impOpularite, en faisant appliquer un plan draconien de redresSement financier, qui, en nous sauvant de l'aventure, a sauve egale- ment, sans doute, notre regime parlementaire. On approuve,' enfin, son ideal de paix et de loyaute entre les nations. Disciple de Briand, • it perpetue sea methodes, commie son esprit. A l'heure' critique, it salt eviter l'irreparable. Son influence s'exeree dans le setts des apaisements et des com- prehensions. La France, qui suit de pros son effort, Jul en sait gre et lui fait confiance. Elle se rejouit qu'il ait garde sa foi dans l'engagement it la parole dormee et qu'il travaille, aux cotes de la Grande Bretagne, au maintien de In eharte de Geneve, sans laquelle he monde, ineluctablement, retom- berait aux angoisses de la loi du plus fort. R. L. V.