29 APRIL 1899, Page 30

WHY FRANCE HATES THE PROTESTANTS.

[To THE EDITOR OF THE "SPECTATOR."]

Sia,—Lecteur de seconde main de votre interessant weekly, j'ai lu avec un interet tout special, dans votre numero du 8 Avril, Particle intitule "Why France Hates the Protes- tants." Je ne veux pas contester quit n'y ait dans cet article des apercus fres ingenieux et un bon nombre d'observations justes et topiques. Je ne songe pas a nier notamment que Peducation catholique-romaine que la plupart des enfants de France recoivent plus ou moms a Page de leur premiere com- munion (de 11 a 12 ans) ne laisse une empreinte facheuse et qui ne disparatt pas toujours meme avec la pro- fession d'indifference et meme d'incredulite que font plus tard la majorite de mes concitoyens. Be,aucoup de soi-disant " libres - penseurs " ne sont, en effet, que des clericaux retournes, et gardent—tel, M. Henri Roche- fort, qui peut passer pour un type du genre,—avec lee prejuges de leur enfance, le meme esprit credule et superficiel, le meme dentment de seas critique, la m8me admiration du panache et des pompes theatrales, la meme indulgence pour is mensonge, qui caracterisent le devot petri dans le moule du jesuitisme. Male, cela, dit (et en reconnaissant, avec Pauteur de Particle, qu'une des gmndes causes de la superiorite habituelle des hotestants sur leg Catholiques-romains, tient Peduc,ation de la conscience qui fait que les premiers mettent volontiers la recherche de la Write avant tout, tandis qui lee seconds laissent cette recherche b. Parriere-plan), —je me permets de trouver que Pauteur fait un peu trop ce qu'il reproche a Voltaire et autres eleves des jesuite-s de faire, —i.e., "to accept false premises, and to proceed from them to a logical conclusion." Les fausses premisses dans le raisonne- meat de votre collaborateur sont la pretendue haine que " la France, dans son ensemble, aurait toujours eprouvee et ressentirait encore centre lea Protestants" et cette allegation que "France was always the nurse of fanaticism." L'ecrivain du Spectator a, la, le grand tort de generaliser a outrance et de prendre comme Pesprit de la France ce qui n'a jamais ete et n'est surtout aujourdhui que le fait d'un parti, d'une petite minorite, laquelle a reussi parfois, il eat vrai, a surprendre In masse et a Pentratner par sea mensonges. Tout ce que ,dit Pauteur est vrai, par exemple, de in cabale qui gmvite autour de Drnmont et de la Libre Parole, feuille de combat inspiree et subventionnee par le clan jesuitique. Main, heurensement, 'Influence de cette cabale est encore fort loin d'avoir con- tamine tout Pesprit public dans notre pays. La Re- formation an XVI. siècle avait trouve en France un champ tres ouvert, tres bien prepare, et ce cent plut8t des influences exterieures, celle de Catherine de Medicis par exemple et des jesuites—la plupart Espagnols—qui ont empeche que la France tout entiere ne tat entrain& (comme le furent quelques-unes de sea provinces: le Languedoc, le Dauphine, le Beam, partie de la Guyenne, de la Saintonge et du Poitou) dans le grand mouvement emancipateur. La revocation de PEdit de Nantes fist surtout Pceuvre du P. (jesuite) La Chaise, le confesseur et le directeur de conscience de Louis XIV., qui prononca a cette occasion, le Nunc dimittis du vieillard Simeon. Mais il eat si vrai que la France, dans sa masse, ne ressentit jamais de haine Iii contre le protestantisme, ni contre les protestants, fils authentiques de son sol, que Napoleon Ier, qui connaissait bien Pesprit des Francais (il ne les Olt pas si bien domines s'il ne les avait bien connus) a pu dieter, dans le "Memorial de Sainte-Helene," la declaration suivante : " J'avais le choix (en 1802) entre le protestantisme et le catholicisme. Memo la France m'efit plus volontiers suivi si j'avais embrasse le protestantisme. Le courant des idees me poussait alors dans cette direction." J'ai parcouru In France contemporaine dans presque tons sea departements, donnant, dans un mind nombre de vines et de villages, des conferences toujours publiques oi je m'atta,chais a prouver que la France a besoin d'une reforme religieuse qui In separe de la Rome papale et la ramene directement an Dieu et au Christ de l'Evangile. Partout j'ai rencontre, dans les developpements de ce theme, l'approbation de mes auditeurs, la plupart nominalement catholiques. Et que de fois je les ai entendus me dire : " Vous avez raison ; votre religion (protestante) vaut mieux que la notre !." Tons ceux qui sont an courant des progres de l'evangelisation et de la propagande pro- testante en France, tons ceux qui savent que, cheque annee, plus de vingt pretres de l'Eglise romaine quittent cette Eglise pour se ratta,cher an protestantisme ; tons ceux enfin qui savent les sentiments vrais, du peuple, du vrai peuple de France sur le protestantisme et les protestants, seront prets a se joindre a moi pour dire : L'auteur de Particle du Spectator a fait erreur quand il a admis comme un fait acquis que la France bait les protestants.—Je suis, Monsieur, votre bien respectueusement devoue, EUG. RtymnAtro,

Pnbliciste, Secretaire general de is Societe Coligny, Agent general de In Societe des Trait& religiens de Paris.

Versailles, 20 Avril.