UN NOUVEAU RAMBOUILLET [D'UN CORRESPONDANT FRANcALS] S 'IL taut en croire
une information tout recemment publiee par un organ parisien de la presse du soirde domaine de Rarnbouillet, qui cOnstitue la residence sutomnale. du' President de la Republique Franeaise, serait sur le 'point de subir une concurrence redoutable, susceptible, .affirme-ton, de porter a son prestige, une atteinte -mortelle. , La reputation de. Rambouillet est,. Cependant, l'une des pids celebres dont puissent s'enor- gueillir nos forets nationales. Son emplacement est, entre thus, favorite. A peine est-on sorti de Paris par la voie triompale du Bois et la route ombragee de Saint- Cloud, qu'on s'engage, sous rimmense voilte d'un feuillage trainant jusqu'au sol ses longues ranimvs, viers la cite des Rois. Versailles s'offre aux regards, enriouvante, silencieuse, toute baignee du souvenir de sa gloire loin- taine. Puffs, de nouveau, ce sont les bois fleches de soleil, ces bois ancestraux dont la ceinture encercle Paris de verdure et d'oiseaux, et qui, jadis, s'enracinaient jusqu'au coeur de Lute, puisque notre Louvre actuel n'est, on le bait, que Pheritier de l'antique " Luporunt Silva," la foret 'des LOVPs. Ces bois franchis, voici Saint-Cyr et' son Ecble miiitaire, pepiniere d'ofllciers, replique franeaise de SandhUrst, et qui entretient avec les cadets britanniques les pies cordiales relations d'amitie. Une lois encore fremit rappel de la route, et c'est Ram- bouillet qui surgit a nos yeux, son château, son pare, son pavilion de chasse et ses historiques " tires."
Petite vile provinciale, d'allure paisible et reservee, Rambouillet n'existe guere que par la. vertu des chasses presidentielles qui y sont, . chaque automne, organisees. L'elegance _de ses battues est. notoire. Les meilleurs fusils; de Ls dipiomatie internationale s'y rencontrent pour rivaliser–d'enloits cynegetiques, et In valeur d'un •ambassade,mt-rare prodige—ne s'y mesure glee son tableau de lieVreS ou de perdreaux. C'est dire roriginalite et-le paradokal at-trait de Rambouillet..
Or, on annonce sous le manteaii que l'heure est proche oh les chasses pgesidentielles se derouleraient dans un domaine nouveau. ...L'ambitieux rival du vieux rendez- vous de chasse ne serait autre quelemajestueux chateaude Champs, l'une des :plus belles demeures historiques de France, dont les jardins, les basSins, les futaies, Petang et le' pare -s'etendeut sur quatte cents hectares, all flame d'art large Coteau incline en perite deuce- vets la Marrie. Ce rrierveilletik domaine, oa abondent la plume et le poil, et end sine h 'l'utilitarisme d'un gibier plethorique, le charme d'un style architectUral fres put, vient d'etre offert a l'Etat par son- proprietaire, avec .un raffinement de discretion qui rehausse fort elegamment la valeur du geste.
Conen vets in fib. du 3CVIIe siiele, domaine de Champs a subi bien' des vicissitudes avant d'aboutir sa presente restauration. II fut, au., cours des ages, visite par insults hates illustres, an nombre desquels it convient de compter, au debutdu XVIIIe siecle, Monsieur, frere du Roiy. Mais sou hole -le plus marquant devait etre la celebre marquise de Pompadour, favorite de Louis XV, qui en devint propiietaire, en 1757, et l'anima de sa grace legere, ainsi que de sa desinvolte frivolite.
II est encore trop tot pour prononcer si le Chef de l'Etat deciders d'abandonner Rambouillet au profit de Champs ; anais on pent, sans temerite, .prevoir le, jour abides nouveaux tires assembleront, sur les coteaux de la Marne, les. costumes sans apprets de nos Excellences; bieh prosakines Tenets des robes fleuries et tendres des marquises d'antan.
B. L. Y.