14 FEBRUARY 1936, Page 15

Provincialisme

[D'un correspondant frangais] C'HsT nae reflexion deventte banale que de souligner les habitudes francaises de eentralislit ion. Mats t miles les branches de ractivite nationale, In cellule direetrice semble encore et toujours, etre Paris. Systematisation imperative, qui repond sans doute a ruti des besoinsulajeurs de untro esprit synthetique, mais qui ne va point sans laisser ample champ aux regrets. Le regionalisme, si divers, si riche et si attachant de notre pays meriterait, poisons-nous, de se vole attribuer une place mieux adapt& it ses tees couples possi lit es.

Il est, cependant, " quelques doniaines oil la province manifeste sit vitalite et reagit avec vigueur. Notre grande

presse, par exemple, ne se Hittite nullement aux quotidiens de Paris. Les organes representatifs de ropinion regionals atteigment, au contraire, souvent une flatteuse diffusion :

La Depilehe de Toulouse, La France de Bordeaux, L'Erho

du Nord, Le Petit Marseillais, Le Phare de Nantes, pour ac citer que ceux-bl, comptent au nombre des journaux que ron pent, sans tetnerite, comparer, pour !Influence, le tirage et Ia tenue, aux plus ambitieuses feuilles de la eapitatle. Mais, c'est probablement sur Ic plan de la pens& critique et de ht recherche scientifique que les provinces francaiscs apparaisseht le atoms avares de leurs forces 'maims. La renommee mondiale de la Sorbonne nc saurait canto:viler des universites, comme Lyon, Marseille ou Lille, d'attirer une foule de lidelea auditeurs et de projeter autour el les tin tres vif rayonncment. Mais les universit•es les plus representatives de /'esprit regional sont peat-etre celles qui, moins conflates du public, n'en conservent que plus jalousement lour originalite et tears traditions. Parini celles-ci, it en est une sur laquelle rat tent ion vient d'etre tout reeemment attiree et qui pourrait Lien, it cet egard, &re In plus typique de France. Menacee de moil, en effet, par les projets d'economic du dernier gouvernement, l'Universite de Besancon if a di* de survivre qui aux intelligentes interventions de (teak qui stirent comprendre la pert e, qu'avee elle, aurait cubic le provineialisme francais.

Situ& darts un cadre enehanteur. et d'un pittoresque unique—Cesar, dejit, I'avait note dims sa description de Vesontio --Besancon Cleve ses monuments de Pierre seettlaire

dans le pas d'un fer u cheval grant dessine par ma! boucle -impetueuse du Doubs. Donainee par les moats du Jura et adossee ii un massif de roes commute par une &indent!,

ouvrage de l'illustrc Vauban, hi vine ne se laisse point,

toutefois, aceabler par sa grandeur. Si elle se montre, it juste titre, orgucilleuse de son passe--rte fut-elle point, jadis,

capitale de In SCquanic t---ells Wen &horde pas trains de vie et de mouvement. Ses vieilles rues, an &Janne moyen- ageux, contiennent avec twine tine populatimt remit:title et affairee, oit se melent touristes et " joyeux eseholiers."

C'cst que Besancon, non satisfaite de posseder des Faeultes comptant parmi les plus anticlines de France, a h-nt e tut effort considerable de modernisation. Sn Cite I lniversitaire, frequemanent signal& comme le models Ic plus parfait des maisons d'etudiants de province, dress se, sur la rive du Daubs, au milieu d'unc riante verdure et face au plus beau paysage de la region comtoise, des bittiments tout tlambant 'leafs, oil le confort Ic plus exigeant s'allie it tine esthetique remarqu- able des lignes. C'etit etc une ironic veritablement ehoquante de voir les pottvoirs publics desaffecter, d'un simple trait de plume, un si magnifique " student!: hostel."

Il n'en a, fort heureusement. Hen ere; et la cite cliantee par Victor Hugo pourra, manne par Ic passe, Sc developper,

pour le plus grand Bien de ses et ud iants et de nos Innis &rangers.

Car cc nest pas run des signes les morns caracteristiques du regionalisme francais que d'exereer, hors de nos frontieres,

un attrait sing,tilierement heureux. N'est-il point eurieux .de constater que le roars de Civilisation, institue, de juillet septembre, par l'Universite de Besancon, a reussi it grouper plus de 300 etudiants appartenant it 28 nations differentes On n'apprendra point sans inter& que, darts cc mouventent, c'est In Grande-Bretagne qui vient nettement en tete, suivie par les Etats-Unis, Ia Hollande et la Tchecoslovaquie. Attir- ance complex, darts laquelle n'cntrcnt point seulement les exceptionnelles facilites de sports offertes aux jeunes anglais par la Franche-Comte ; mais, egalement sans doute, I'appel fraternel du provincialisme universitaire sur nu pays qui met, depuis toujours, sa fierte intelieetuelle morns en Londres