26 SEPTEMBER 1952, Page 16

The Saar

MONSIEUR Le DIRECTEUR,—L'article du journaliste allemand Fried- laender, public dans votre numero du 29 ao0t, propose comme solution " provisoire " au probleme sarrois la limitation de ractuelle union economique France-Sarre a " une simple union monetaire et douan- iere " assortie d'une " garantie pour la France de livraisons suffisantes de charbon sarrois."

Monsieur Friedlaender cite, comme temples d'une telle union, celle de Monaco a la France et du Liechtenstein a la Suisse.

Ces exemples, malheureusement, ne sont guere significatifs—ou le sont plutot en sens inverse car ni l'une ni rautre de ces principautes ne possede, sur son territoire, d'industrie revetant une importance dconomique.

Le probleme entre France et Sarre est tout different et consiste precisement a ajuster an mieux de rinteret de chacune les economies de deul regions complementaires mais, rune comme l'autre, essentielle- ment industrielles. Or, une simple union monetaire et douaniere ne suffirait absolument pas a assurer cet ajustement pour de multiples raisons dont je me bornerai a indiquer les deux plus graves.

1°) En l'absence d'accord a ce sujet avec la France, le gouverne- ment sarrois, dont les ressouices budgetaires sont, grace a la richesse du territoire, relativement plus • importantes que celles de la France, pour- rait, en pratiquant une politique fiscale, sociale ou tarifaire appropriee, placer les entreprises sarroises, ou meme francaises en Sarre, dans une position concurrentielle beaucoup plus favorable que les entreprises francaises. Cette situation ferait peser sur reconomie de la France une menace que ne saurait accepter.

2°) Inversement, les autorites sarroises, sous la pression de forces demagogiques qui s'exerceraient infailliblement dans le cadre du regime "provisoire " suggere par Monsieur Friedlaender, pourraient etre con- traintes, dans les memes domaines, a adopter une attitude de facilite qui compromettrait requilibre buclgetaire des entreprises comme celle des finances publiques. Ce serait un risque que la Sarre, cette foil, ne saurait admettre et qui rendrait d'ailleurs rapidement illusoires les garanties de livraison proposees par Monsieur Friedlaender.

C'est precisement pour parer a ces inconvenients qu'a etc elaboree l'actuelle union economique franco-sarroise, ensemble de con- ventions librement et egalitairement conclues pour regier, en chaque domaine (budget, impots, establissement, propridtd industrielle, trans- port, etc.), les modalitds d'une cooperation fructueuse entre les deux pays. Ces modalites peuvent :certes etre modifides, voire pro- fondement. Mais leur principe ne pourrait etre .mis en cause sans que soft mine celui meme de toute union franco-sarroise.—Veuillez 58 Rue Taitbout, Paris IXe. (President Gdneral de 1' A.F.S.)