14 FEBRUARY 1835, Page 14

"LE ROT LEGITIME D'ANGLETERRE :" AVIS HISTORIQUE A LA QUOTIDIENNE.

CErre feuille Carliste renferme, dans son numero du 5 Fevr., lequel soit dit en passant lui a valu encore une saisie, quelques reflexions stir la latte qui se prolonge au-dell des Pyrenees. Elle plaide, comme de coutume, la cause de la royaute legitime qui y fait une guerre de coupe. gorge dans les montagnes, en attendant qu'elle soit mite en etat par lea Torys de commencer celle des bourreaux sur la place publique. Elle tmite du plus profond mepris, dont je ne saurais nier la justice, quoique par des raisons bien autres que celles de la Quotidienne, Ia projet enfante par le genie conservateur de Lord Wellington, pour he maintien du vieux statu quo theocratico-despotique en Espagne, au moyen d'un manage entre la majeste enfant et la majeste mdoteur qui se disputent le terrain, et au nom desquelles les partis s'y font une guerre d'extermination. Elle he trouve tout naturel que Louis Philippe se pre'te I une combinaison, qui doit "doter l'exil " encore d'une royaute abdiquee ; "car il n'y perdrait que la perspective d'un manage pour un de ses fils, et y gagnerait une consecration Europeenne de Pusurpation." Male ce qu'elle ne coneoit pas, c'est une politique pa- mile de la part du "roi legitime d'Angleterre," dont les ministres con- servateurs ont des devoirs a part, et devraient eraindre pour leur maitre le eontre-coup de toute atteinte pollee sur le Continent au principe do legitimite. Qu'il me soit permis de demander a la Quotidienne, de- puis quand le roi d'Angleterre est-il devenu le,gitime aux yeux d'un Carliste ? ou par quelles circonstances, jusquici inconnues, a.t.il merite d'être range parmi les royantes irreprochables de droit divin ? Si le roi d'Angleterre a une legitimite a lui je crams que ce n'en soit tine dont la reconnaissance generale serait peu agreable ii Henri V. La Quotidienne n'a-t-elle jamais entendu parler de ces princes tree- legitimes, Charles III. et Henri IX., rois d'Angleterre par la grace de Dieu, et ecartes de leur treme par la mechancete des hommes ? Afin de lui eOter I Pavenir une meprise facheuse pour les droits de son idole, je vais l'eclairer un peu sur eette pretendue legitimite hanovrienne. Elle se fonde d'abord stir une revolution accomplie par une conven- tion nationale ; puis, sur un acte special du parlement britannique, renfermant la volonte de la nation, lequel a confer la couronne et Is famine d'Hanovre en en depoulllant a jamais cello des Stuarts. Gull.

lame IV. est done on ne saurait plus legitime, car il l'est en &pit de

trois generations de rois de droit divin morts en exil, et d'une souche de la plus pure legitimite, toujours survivante thins Is famille de Sar-

daigne. Si les titres de Is royaute revolutionnaire anglaise sont Si

respectables aux yeux do parti Carliste, pourquoi Sc refuse-t-il a recon- naitre ceux de In royaute du 7 Aont ? Quo In Quotidienne vettille hien ouvrir un livre d'histoire et ne pas fernier les yeux sur ce qui se passe autour de mi, ct elk verra que le soul merite de la dynastie d'Orleans aux yeux des Francais n'est autre celui qui a mitt it Is famille d' Hanovre Padhesion des Anglais ; je veux dire, Pexistence d'une famine de droit absolu chassee comme in- compatible avec les droits de Is nation, et se repentant en exil do ses ordonnances et de ses mitraillades. Appeler done Loois- Philippe wsurpateur, c'est porter atteinte au titre de Guillaume IV. ; et soutenir les pretendus droits de don Carlos comme le font les ministres Torys contre Is royaute legale qui s'appuie stir l'adliesion de Is nation Espag- !tole, c'est faire faire t leur maitre tine vraie suicide en fait de droit. II est vrai pie Is famille d'Hanovre compte deja einq rois au lieu quo cello d'Orleans n'en compte jusqu'ici qu'un ; mais quel Tory serait assez effronte, fat-ce Lord Londonderry lui•meme, pour ailirmer quo le titre de Guillautne IV. vant mieux que cclui de Guillaume III., ou de son propre bistaeul, George I.? Si la royaute hanovrienne pourrait etre soupconnee de garder quelques velleites de legitimite, ce qui d'ailleurs Vest pas impossible, vu la vanite des hommes, et Is bassesse des Torys, elle aura beau faire ii chercher de donner Pe change an people anglais, qui se fait tan plaisir patriotique de reappeler a tout propos le Oche originel de sa famille royale ; temoin le toast oblige de toute reunion politique : "La inaison de Brunswick, qu'elle n'oublie jamais les prin. eipes qui Pont raise sur le trone ! " Co peuple ignoble, qui n'a pas su s'honorer d'un despotisme hien ne, an lieu de rougir de Pillegitimite de ses rois, l'a toujours considere cornme " le plus beau fleuron " de leur couronne. Certes, s'il emit capable d'en perdre la memoirc, ce no serait pas assurement dans on temps, on les oratcurs et les journaux d'une fac- tion audacie use et retrograde osent parler de faire plier la volonte de la nation It eelle de la cour. C'est anjourd'hui que le people anglais est plus que jamais porte it se ressouvenir de ses anteredens ; et il pense avec le National, que " renvoyer Pierre pour prendre Paul, nous n'y avons rien It dire; mais qu'on doit etre d'accord avec soi, et tie pas re- connaitre un droit imprescriptible au dernier vcnu qu'on a refuse It son predicesseur."

Quand la Quotidienne veut done mettre en relief la condition revolu- tionnaire et le titre defectueux de la dynastic d'Orleans, qu'elle tourne ses regards ailleurs que vers la Grande Bretagne pour trouver cette bonne vieille legitimite, hors de laquelle 11 n'y a ni salut pour les nations, ni "place pour tout ce qui est grandeur, illustration, genie !" Cependant le Carlisme, que le retour des Torys a enivre au point de faire ouvertement des manifestes en faveur de Henry V., s'exalte an rive d'un vaste reseau de despotisme, enveloppant toute l'Europe, dont Pautocrat Russo doit tenir l'un des bouts en Siberie, et dont l'autre doit etre rive par les Torys en Mande. Dans cette grande pensee d'absolutisme, la chose la plus pressee, c'est de bien replacer le joug sur l'Espagne. La feuille Carliste preche is necessite des mesures promptes et des voies franchement legitimes ; et se moque un pen de la vieille entremetteuse de Wellington, qui reve liens d'Hymen au

lieu de se tenir It ceux de Bellone. Quo les Torys et la vieille con- apirent contre la liberte naissante de la Peninsule, ce n'est pas la une

chose inconcevable pour ceux qui sont plus It meme que la Quotidienne i'apprecier an juste leur politique liberticide; mais il se peut hien que les Carlistes, les Torys, et la vieille compte un peu sans leur bete. Quoiqu'il en soit, le peuple anglais meritem d'etre la risee de l'Europe, s'il leur laisse du temps pour ourdir des complots contre les droits de quelque nation que ce soit.

P. S.—The Quotidienne is grown so rampant at the prospect of what the Tories are to achieve on the Continent in favour of divine right, that it runs over with exultation a Eropos de tout. Thus, in a critique on M. LEROUX'S exquisite engraving of LEONARDO DA VINCI'S Leda, it exhorts the proprietor of the original not to sell it to any foreigner; for, though Lours. PHILIPPE be sordid enough to let a rival nation acquire that admirable masterpiece, there is somewhere in the world a prince, who has been travelling these four years and upwards, and whose return is momentarily expected by every body in France, that will be sure to pay as a king, what the owner has bought only as a dealer.

P.S. 2.—The Quotidienne repeats with complacency a sage reflection of the Albion's upon some cases of hundred-years-old longevity in Austria, reported by the Augsbourg Gazette. The precious pair unite in deploring the political agitation which shortens men's days in Western Europe, and sigh for the profound stillness of the patriarchally-governed East. It has, indeed, been often said, that strong and incessant intel- lectual exercise is not favourable to longevity ; and possibly a people that forbore all use whatever of their faculties, and quietly suffered themselves to be fleeced as often as their coats were wanted to warm their keepers, might double the ordinary term of life, at least when not prematurely slaughtered and dished for the pleasure of the keepers aforesaid. Be cattle then, 0 people, and "go wherever your keepers direct, feed where they please, and on what they please, and abstain from what they bid you, and be sure to allow them to use what you have or can produce, even as they are pleased," (XENornoN); so shall "length of days and long We and peace be added to you," (SoLosioN- ALBION.)