In Defence of the Faith
The Philosophy of Prayer
[The Abbe Bremond, D.Litt., Member of the French Academy, is knaum all the world over by his " Histoire du Sentiment Religieux en France.". He has made a special study of the philosophy of prayer, based on life-long research among the seventeenth-century French mystics. We consider that such a stylist would lose a great deal in translation and are, therefore, publishing his article in the original.—ED. SPECTATOR.] DANS ses Hulsean Lectures sur The Platonic Tradition in English Religious Thought—un de ces beaux livres oit ce mystique intermittent nous donne le plaisir de nous sentir stir bien des points en communion avec une des plus hautes intelligences religieuses d'aujourd'hui, M. le Doyen de Saint Paul s'etonne fort justement que, parmi taut et taut de travaux sur l'histoire du Christianisme, on en rencontre si peu oh soit wise d'abord enluiniere the continuity of the spiritv,a1 _trcidition in the lives and writings" des saints. " The history of _a _Church, dit-il encore excellerrunent, ought to be a biography of ideals ; elle devrait etre avant tout l'histoire de la priere de cette Eglise. Que si, du reste, l'ensemble de nos savants a attendu. si .longtemps avant de s'annexer ce magnifique domaine, n'est-ce pas au fond que la philosophie meme de Ia priere leur etait comme indifferente Y L'idee ne 'cur venait meme pas qu'il y .efit quelque interet a appli- quer leur curiosite et leurs metliodes techniques aux choses de la vie interieure. Pium . est, non legitur. On est stupefait de constater le peu de place que tient le phenomene proprement religieux 'dans les sommes de nos theologiens. Bs n'ont pas ajoute grand' chose aux articles pourtant si pregnant de saint Thomas sur ce point. Je me rappelle in stupeur, l'eblouissement oh nous plongea en France, du moires, an commencement du XXeme siecle, la publication des Varieties de William James. Apres dix-neuf siecles de priere, on s'avisait soudain que la priere pouvait 'etre, elle aussi, comme le dogme, objet de science. . Et it nous fallut laisser cooler encore plus- ieurs annees avant de songer que les principales archives de cette science nouvelle, nous les avions sous la main dans cette infinite de livres divots qui ont faconne le peuple chretien a la vie spirituelle : immense " littera- ture," arrivee chez nous, en France, avec nos grands spirituels du XVIIeme siècle, a une profondeur de metaphysique, et meme a une splendeur fitteraire qui n'ont pas encore etc depassees. r. Non pas que ces maitres, parmi lesquels dominenf Francois de Sales, votre Benoit de Canfield, Berulle, et les jeinites- de l'ecole Lallemant, se soient proposes de faire oeuvre speculative, mais rien n'est plus facile que de degager de leurs ouvrages, presque toms immediatement pratiques, les elements de Ia philo- sophie que nous cherchons a construire.
Leur grande originalite est d'aVoir vise tres haut. Bs ne veulent pas d'un christianisme bourgeois. Estate perfecti sicut Pater nester coelestis . . . Tout se passe chez eux, comme s'ils voulaient initier la foule pieuse aux lecons des mystiques modernes—notamment du grand trio, Tauler, Ruyesbrock, Harphius, puis de Therese. Pour Jean de in Croix, ils ne se l'assimileront que plus lente- melt. Francois de Sales ne le connait pas. Et leur immense merite est d'avoir deliberement depouille cette doctrine de tout l'esoterique et de tout le flamboyant qu'elle :traine apres elle. Tres francais en ce point, la phraseologie trop sublime des maitres rhenans ou flamands les rebute, les inquiete, et tout ce fracas de passivetes et de caliginosites dionysiennes. Visions, transports, ex- tases passent.. pour eux a l'arriere plari. Bs ne garaent que l'essentiel, a savoir in contemplation elle-meme, glints declarent accessible a toute ame de bonne volonte. En un mot, disons qu'ils ont democratise la mystique. Pour eux le contemplatif n'est plus le " parfait," le sur- homme divot, le " gnostique " d'autrefois ; c'est un chretien qui realise, qui exploite, si l'on petit dire, les privileges de son bapteme. Et, dans cet essentiel, qui est l'acte meme de s'unir a Dieu par la contemplation, its mettent l'emphasis sur l'essentiel, sur le " Pur amour," qui est, pour eux, l'ame profonde de toute priere. Dans l'excellent symposium, Concerning Prayer, M. E. Bevan, lui aussi un de vos ecrivains que nous suivons avec une tres wive sympathie, craint que l'on ne tende a trop neg- liger le caractere interesse de la priere. " Prayer," dit-il, " is by the very definition of the term petitionary ; Nos spirituels_ nous defendent au contraire de nous emprisonner dans cette et3rmologie. II ne s'agit certes pas d'exter- miner la priere de demande ; it s'agit de rappeler que la demande n'est vraiment priere que si, plus ou moires iraplicitement, avant de demander, elle adore." Pas de panem nostrum qui n'implique le Fiat voluntaS tua. Apr& tout, comme le dit mon cher ami, H. F. Stewart, de Trinity College, Cambridge, " Most people know by instinct that prayer is petition ; the other aspect is what they chiefly need to learn."
Ce premier travail d'approfondissement et de sim- plification par oh its etaient arrives b. retrouver dans la priere in plus modeste les traits essentiels des oraisons les plus sublimes, suppose deja chez nos maitres pan mystiques une penetration etonnante. Mais d'autre3 problemes plus difficiles, et surtout plus douloureux les obligeaient en meme temps a creuser plus avant leur analyse de l'experience religieuse. Je l'ai déjàdit : ce n'etaient pas des William James. Les Varieties et autres livr. es du meme genre les auraient d'abord stupefaits et petit-etre choques. La psychologie' ne les interessait qu'en fonction de la direction spirituelle. Pour bien les comprendre, it faut savoir qu'une sorte de malaria re- ligieuse, In paralysie chronique des activites de priere, sevissait alori en France, et non pas seulement chez les flecks, comme c'eftt etc naturel, mais dans les milieux ferVents oit l'On se faisait une Ioi de la meditation quoti- dienne et, methodique. C'etaient, democratisees elles aussi, moires affreuses sans doute, mais singulierement penibles, les " grandes epreuves " qui ont tant oecupe les mystiques modernes. Les compatriotes de Jeremy Taylor, de Wesley, de Keble sont peut-titre moires exposés que lee Francais a ces mores impuissances. Non Angli, sea Angeli. Les suavites, ou tout au moires le soothing de la devotion vous sont peut-titre plus faciles qu'a nous. Keble aurait dit de la priere ce qu'il a dit de la poesie : de Poeseos vi medica. Et en verite, it n'y a pas si loin de ses Praelectiones academicae a une Introduction poitique a is vie devote. Nos maitres avaient done a relever, consoler tant et tant d'ames a qui l'oraison paraissait diffi- cile et parfois meme impossible. Pour cela, it leur fallait montrer scientifiquement que ni les belles elevations de l'esprit, ni les goiits sensiblesn'appartenaient a l'essence de la priere. Il fallait leur repeter, et avec une conviction solide, que cette volonte genereuse mais seche et morne oh se reAuisaient pour eux les exercises pieux, etait elk- meme priere au sens propre, et la plus parfaite priere.
C'est qu'ils fondent leur philosophic de in priere sur la metaphysique de la grace sanetifiante. Pour eux l'act, ivite de priere est sui generic, une activite a deux, oh Dieu present agit plus que rhomme et oil le travail de l'homme est precisement d'accepter le travail divin qui se fait en lui : acceptation qui n'a rien de pasiif et qui exige au contraire une lutte constante centre les self-assertions, beaucoup plus delectables, de ramour propre-. Ceci demanderait des explications que je ne puis donner id. Je voudrais seulement rappeler a mes amis anglicans que cette doctrine n'a rien qui puisse les gener, bien qu'elle ne fosse qu'appliquer a la philosophie de la priere l'enseigne- ment du concile de Trente. Je les renvoie pour cela aux admirables Lectures de Newman sur la justification, livre trop oublie et dont la plupart des historiens du mouve- ment d'Oxford n'ont pas soupconne l'extreme importance. Je vois, du reste, avec plaisir que M. C. C. Webb s'y refere souvent dans Religious Thought in the Oxford Movement (S.P.C.K. 1928). " The centre on which," ecrivait Newman, " our thoughts must be fixed and the foundation from which our exertions must proceed, are not ourselves, but His presence in Whom we live, and move and have our being." Et encore, ces deux lignes qui disent tout : " As He is the unseen source, so must He be acknow- ledged as the Agent, the present object of Worship in all that is done." Et, comme eux, it condamne toutes les concep- tions anthropocentriques de nos rapports avec Dieu, toute religion que I'on fait consister " in contemplating ourselves instead of Christ." Cette activite speciale et indefinissable que nos spirituels du XVIIeme siecle francais attribuent ce qu'ils appellent " la fine pointe de l'axne," occupe depuis tres longtemps les ecrivains religieux de langue anglaise. Ainsi deja Jeremy Taylor dans Our Great Exemplar.
" The understanding here is something else besides the intellectual power of the soul. . . . It is celestial in its application. . . . Taken from its first and lowest ends of resting in notion and in- effective contemplation (the understanding) is made Spirit, that is wholly ruled . . . by God's Spirit to supernatural ends and spiritual employments."
Et it park avec sa delicieuse et profonde quaintness d'une " piece of duty conjoined to a piece of mystery." New- man montre dans in foi "an original means of knowledge, not resolvable into sense or reason . . . founded on a supernaturally implanted instinct." Ne serait-ce que pour saluer ici l'ancien Editor du Spectator, cet excellent R. H. Hutton, qui me temoigna beaucoup de bienveillance, lors de mes debuts, je veux titer son vieux maitre Martineau, qui, d'ailleurs, resume lui aussi, a sa maniere toute cette philosophie de la priere :
" There is an act of the mind natural to the earnest and the wise . . . which has small place in modern usage and which few can now distinguish from vacuity. Those who knew what it was, called it meditation. It is not study, not reasoning, . . . not self- scrutiny . . . . It brings not an intense self-consciousness and spiritual egotism, but almost a renunciation of individuality.. . . It does not suggest indirect demonstration, but furnishes immediate perception of things divine . . . spirit to spirit with God."
Tout ce sermon, Silence and Meditation, dans the En- deavours after the Christian Life, est une merveille. Dans un beau passage de Liddon, je retrouve tous nos meta- physiciens spirituels du XVIIeme siecle : " Religious life is more than feeling . . .more than know- ledge, . . . more than obedience to a moral code'. And yet religion is feeling, it is mental illumination, it is especially moral effort, because it is that which implies and comprehends and combines them all. It is the sacred bond (l'adhSrencesalesienneet b6rullienne), freely accepted generously, enthusiastically, persistently welcomed, whereby the soul engages to make a continuous expenditure of its highest powers in attaching itself to the Personal Source and Object of its being. It is the tie by which the soul binds itself to God."
Ainsi et en un mot le Dr. M. Neile (Self-training in Prayer): "A deliberate act of our whole being making real to ourselves the divine Reality." Ainsi Miss E. Underhill, a toutes les pages de ses derniers livres. Unanimite emouvante, pleine de promesses, et qui se resserrera de plus en plus a mesure que nous creuserons avec plus de curiosite scientifique et de religious earnestness la philo- sophie de la priere. HENRI BREMOND. [Next week Canon Quick, of Carlisle Cathedral, will write on " TA/ Meaning of Sacraments." Previous articles in this series have been : " Philosophy and Religion," by the Archbishop of York," " The Elements of Religion," by Professor Albert A. Cock, of University College, Southampton, " Evolution and Revealed Religion," by Dr. Charles E. Raven, " The Nature of Christ," by Dr. Alfred Gareie, Principal of New College, Hampstead, and Hackney College, " The Gospels as Historical Documents," by Professor C. H. Turner, " The Miraculous Elements in the Gospels," by Dr. Gordon Selwyn,," The Ethic of Christianity," by Dr. F. R. Barry, and " The Witness of the Saints," by Evelyn Underhill.]