24 FEBRUARY 1906, Page 13

LETTERS TQ THE EDITOR.

M. PAUL SABATIER ON THE ROMAN CHURCH IN FRANCE.

[MONSIEUR L'EDITEUR DO " SPECTATOR."]

lioNsixtrn,—Permettez-moi de vous remercier pour l'article excellent Tie vous consacrez wee vues stir in Separation de

l'Eglise et de l'Etat dans votre nnmero du 10 fevrier. C'est un vrai plaisir d'ecrire quand on dolt etre compris avec taut de bienveillance at resume si fidelement. Le meilleur moyen de vous marquer ma reconnaissance sera, je pense, de r.epondre

une question implicite de la fin de votre article. Etant donne que la France n'est qu'une partie du monde catholique, vous vous demandez comment l'Eglise Romaine pourrait tolerer chez nous un catholicisme different de celui du reste de la catholicite. Je pourrais vous repondre que Rome a toujours se. se montrer tres Accommodante, pourvu qu'on lui prodiguat les signes exterieurs de respect auxquels elle croit avoir droit. Elle pardonne beaucoup, pourvu qu'aux dates fisees la ceremonie de robedience et des encensements s'accomplisse suivant les rites. Dej'. les Napolitains et les catholiques d'Angleterre figurent stir les memos statistiques religieuses ; et pourtant quelles differences intellectuelles et morales n'y a-t-il pas entre les proteges de S. Janvier et des catholiques fortaes a recole de Newman! On est done fonde

croire que demain, pourront figurer sur les memos statisques d'autres catholiques qui accuseront encore ces differences. Ii y a tine autre raison pour laquelle l'Eglise n'aura pas a accorder a la France des licences speciales, c'est que in arise -par laquelle passe la France catholique se fait sentir dans tons les autres pays. Et pour que vous ne pensiez pas que je vois trop cog faits d'un point de vue particulier, je me permets de vous renvoyer it la Civilta Catiolica du 3 fevrier, p. 257.273: vous y verrez qu'un mouvement international s'est propage dans les divers pays de l'Europe. 11 se manifesto partout a la fois et sous les formes les plus inattendues ; meme les seminaires. d'Italie, malgre leurs portes de prison et la surveillance exercee stir les lectures et les frequentations, sont presque tom troubles par les nouvelles doctrines, pendant qu'en Angleterre un eminent catholique se ,,permet de dire que le catholicisme aura son evolution comme le judaisme. Les (lodes et zeles Jesuites de Rome, directeurs de la. Civilta, affrayes de la generalite de ce mouvement, as persuadent qu'il y a un mot d'ordre, un complot, et me font fe grand honneur de croire que je sujs pour quelque chose dans les evenenaents. Helas, non ; je ne suis guere que le veilleur qui du haul de sa tour solitaire volt poindre l'aurore un peu plus vite que l'habitant des plaines. Mais je leur 'suis tres reconnaissant d'avoir vu que dans thus les pays catholiques se remarquent les memes symptoms. Les memes besoins produisent partout les memes resultats Is. desharmonie etait trop graude entre les habitudes intel- lectuelles et la vie religieuse. Les hommes de fai profonde, reflechie, conquise--ce sont les seals qui comptent—etaient souvent places dans ralternati,ve de manquer de sincerite ou envers eux-memes on envers Dieu. La crise actuelle eat un effort pour arriver a um nouvelle harmonie, non par un velour impossible vers le passe, mais par une vigoureuse marche en avant. Dire que cot effort reussira, ce n'est pas jouer au prophete, c'est constater que revolution des idees ne peut etre arretee. Or l'Eglise n'est pm une entite. C'est l'ensemble des catholiques; le jour oh cet ensemble des catholiques aura passe par la crise qui se manifesto deja de tom cotes, ce jour Ii. l'Eglise n'aura ni absoudre, ni a condamner des idees qui seront les siennes, comme le sont aujourd'hui des idees tree differentes.—Veuillez agreer, Monsieur, l'expression de mes sentiments les plus disting,ues, PAUL SA_BATIER. Chantegrillet, pres Crest (Drone).

[We publish with great pleasure M. Paul Sabatier's striking letter. That he may prove right in thinking that the Roman Church in France will allow herself to be evangelised in the best and highest sense is our hope. Some of his readers will, however, we fear, recall with regret that movements somewhat similar in nature have resulted in disappointment. Again, they may .be inclined t9 note that though the Neapolitan seems superficially to be poles apart in his religious views from the follower of Newman, yet Newman expressed his belief in the Neapolitan miracle of St. Januarius. Nevertheless, we would fain entertain M. Paul Sabatier's view. In reference to the concluding portion of his letter, the present writer recalls a sermon which it was once his good fortune to hear preached by Mrs. Booth, the wife of General Booth. The moment, said the preacher, that Christianity in any country seems to have become formalised, petrified, dead, that moment the revival begins. The doctors and the lawyers have no sooner placed their seals on the sepulchre of Christ than He breaks His bonds and suffers resurrection. This eternal tendency to resurrec- tion is an essential quality in the Christian faith. If Mrs. Booth was right, as we believe she was, the resur- rection, following on the mortification of 171tramontanism, may be beginning in France.—En. Spectator.]